précisions sur mon boulot pour ceux que ça interesse
Bon soyons sérieux pour une fois…
Peut –être que certains voudraient
savoir plus en détail en quoi consiste mon travail et celui de
l’organisme ou je bosse.
Je travaille au Helen Keller International (HKI) qui est une ONG,
associée à l’UNICEF. (c’est d’ailleurs grâce à un gars de l’UNICEF que
j’ai eu mon stage)
HKI est présent dans beaucoup de pays d’Afrique et le bureau principal
avec le président est au Sénégal à Dakar.
Dans tous les pays d’Afrique, le but de l’ONG est d’améliorer les
conditions d’alimentation et les conditions sanitaires des populations,
en particulier des enfants. Il y a donc plusieurs programmes : un pour
lutter contre l’onchocercose, un pour la fortification en vitamine A
pour les enfants… Tout ce qui concerne la nutrition et les maladies qui
en résultent est de leur ressort.
Le programme auquel je participe résulte d’un accord entre 5 groupes :
HKI
GAIN : Global Alliance for Improved Nutrition (je crois que le siege
est en Suisse)
Cornell University à Jos
TetraPak (qui a créé la boisson et son
emballage)
Le gouvernement de l’état de plateau qui a accepté que Nasarawa serve de cobaye pour l’étude et qui a fournit du personnel.
Chacun possède un rôle bien défini, et HKI est en gros le coordinateur
de tous les groupes. Le but final est de créer une boisson enrichie en
micronutriment qui permette d’améliorer le statut nutritionnel des
enfants, de diminuer les maladies fréquentes chez les enfants du pays
comme la malaria et d’améliorer leurs résultats et leur présence
scolaires. Cette boisson doit, à l’avenir, être distribuée tous les
matins dans toutes les écoles du pays à tous les enfants sachant qu’ils
doivent d’abord être vermifugés. Mais avant de la distribuer, la
boisson doit être reconnue comme efficace par le Ministère de la Santé.
C’est pourquoi, actuellement, une étude de l’efficacité de la boisson
est en cours dans 2 écoles de l’état de Nasarawa.
Pour étudier
l’efficacité de la boisson, ils ont distribué la boisson aux élèves
tous les matins pendant 6 mois et ils évaluent :
- Leurs capacités intellectuelles par un test cognitif mis au point par
l’Université de Cornell et adapté à leurs connaissances.
- Leur état
sanitaire et nutritionnel par un questionnaire aux parents ainsi que
leur poids et leur taille par des mesures.
- Les qualités organoleptiques de la boisson par un questionnaire
d’acceptabilité.
- Leurs taux d’hémoglobine, de vitamine A et C, de zinc, de fer, … par
des prélèvements sanguins qui sont envoyés en Afrique du Sud par avion.
Tout ceci étant effectué avant et après, ils espèrent voir une
différence statistiquement significative entre le début et la fin
allant dans le sens de l’amélioration, c’est évident… Les 6 mois seront
achevés dans 3 jours.
Les données initiales ont déjà été rentrées dans l’ordinateur et
analysées.
Le travail actuel consiste à entrer les données finales (c’est long il
y a 600 enfants en tout et beaucoup d’informations à traiter entre les
différents questionnaires) dans l’ordinateur. Ensuite, il va falloir
traiter ses données de façon intelligente et tenter de trouver des
différences significatives au moins pour un ou deux des résultats
attendus de la distribution de la boisson. Il faut aussi trouver des
corrélations entre certaines variables.
Je m’occupe essentiellement
d’entrer les données et de les analyser avec Peter. Peter a de bonnes
connaissances en statistique et il gère pas mal les logiciels de stat.
Moi je l’aide car je lui apporte des idées nouvelles qu’il n’a pas eues
par exemple (surtout pour l’analyse de données et les corrélations
entre variables) et aussi parce que je rentre plus de données en 3h que
lui en 3 jours … !
Les outils statistiques utilisés sont basiques ici : moyenne, écart
type, intervalle de confiance à 95%, coefficient de corrélation et
probabilité que les résultats obtenus soient significatifs ou non. Pas
de modèles ultra compliqués avec des facteurs d’interaction et tout et
tout comme à l’INAPG. C’est du basique et ça leur suffit. D’ailleurs
c’est beaucoup plus simple à utiliser et beaucoup plus clair.
Pour faire mon boulot, il faut être curieux de nature, essayer de
comprendre comment fonctionne les gens et le projet, tenter de
s’adapter. Le plus difficile est de trouver un juste milieu entre ce
que l’on doit dire pour essayer de les aider, de leur donner des idées
et de leur expliquer qu’on peut faire mieux que ce qu’ils ont fait et
qu’on peut améliorer les analyses, et ce que l’on ne peut pas dire
parce que c’est trop compliqué pour eux. Il faut leur suggérer les
idées sans pour autant qu’ils se sentent inférieurs. C’est parfois un
peu difficile… Un jour, Peter voulait absolument me convaincre d’un
truc que je savais faux… Et il ne me laissait pas en placer une, il
n’arrêtait pas de répéter « Listen Jeanne, I know … » Donc je l’ai
laissé parler (ça m’a demandé un effort considérable puisque tout le
monde sait que j’aime avoir raison en permanence et que je m’énerve
facilement en plus !) et quand il a essayé il a vu que j’avais raison…
L’inverse est vrai aussi, il faut savoir mettre de coté toutes nos
belles connaissances pour écouter ce qu’ils savent. Et parfois on se
rend compte que ce qui est compliqué n’est pas toujours forcément mieux
…
Voila, il faut savoir utiliser excel évidemment et gérer les bases de
statistiques, c'est-à-dire savoir dire si un résultat est significatif
ou non et se souvenir un peu de SAS pour utiliser le logiciel de stat
d’ici car souvent les écritures se ressemblent (il faut par exemple
créer des fréquences stratified by Sex ou stratified by Age … des
choses simples comme ça. Hein maman ?!)
Voilà pour l’essentiel…
Il faut avoir un anglais correct -le vocabulaire de base s’apprivoise
assez rapidement- pour pouvoir écrire des rapports. Car après l’analyse
des données, il faut créer des graphiques et écrire des rapports
concernant l’étude effectuée.
Sinon évidemment, il faut savoir
s’adapter au pays. Heureusement la chaleur n’est pas très forte à Jos
mais elle l’est à Lafia. Savoir ne pas s’énerver parce que la connexion
internet coupe sans arrêt et la lumière aussi. Prévoir ses bouteilles
d’eau en rab pour les périodes de pénurie… Et surtout arriver à trouver
des choses à faire tous les soirs et tous les week end puisqu’il est
interdit de sortir de la résidence la journée sans chauffeur et la nuit
en permanence.