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Welcome to Nigeria, the heart of Africa !
2 août 2007

précisions sur mon boulot pour ceux que ça interesse

Bon soyons sérieux pour une fois…
Peut –être que certains voudraient savoir plus en détail en quoi consiste mon travail et celui de l’organisme ou je bosse.

Je travaille au Helen Keller International (HKI) qui est une ONG, associée à l’UNICEF. (c’est d’ailleurs grâce à un gars de l’UNICEF que j’ai eu mon stage) HKI est présent dans beaucoup de pays d’Afrique et le bureau principal avec le président est au Sénégal à Dakar. Dans tous les pays d’Afrique, le but de l’ONG est d’améliorer les conditions d’alimentation et les conditions sanitaires des populations, en particulier des enfants. Il y a donc plusieurs programmes : un pour lutter contre l’onchocercose, un pour la fortification en vitamine A pour les enfants… Tout ce qui concerne la nutrition et les maladies qui en résultent est de leur ressort.

Le programme auquel je participe résulte d’un accord entre 5 groupes :
HKI
GAIN : Global Alliance for Improved Nutrition (je crois que le siege est en Suisse)
Cornell University à Jos
TetraPak (qui a créé la boisson et son emballage)
Le gouvernement de l’état de plateau qui a accepté que Nasarawa serve de cobaye pour l’étude et qui a fournit du personnel.
Chacun possède un rôle bien défini, et HKI est en gros le coordinateur de tous les groupes. Le but final est de créer une boisson enrichie en micronutriment qui permette d’améliorer le statut nutritionnel des enfants, de diminuer les maladies fréquentes chez les enfants du pays comme la malaria et d’améliorer leurs résultats et leur présence scolaires. Cette boisson doit, à l’avenir, être distribuée tous les matins dans toutes les écoles du pays à tous les enfants sachant qu’ils doivent d’abord être vermifugés. Mais avant de la distribuer, la boisson doit être reconnue comme efficace par le Ministère de la Santé. C’est pourquoi, actuellement, une étude de l’efficacité de la boisson est en cours dans 2 écoles de l’état de Nasarawa.
Pour étudier l’efficacité de la boisson, ils ont distribué la boisson aux élèves tous les matins pendant 6 mois et ils évaluent :
- Leurs capacités intellectuelles par un test cognitif mis au point par l’Université de Cornell et adapté à leurs connaissances.
- Leur état sanitaire et nutritionnel par un questionnaire aux parents ainsi que leur poids et leur taille par des mesures.
- Les qualités organoleptiques de la boisson par un questionnaire d’acceptabilité.
- Leurs taux d’hémoglobine, de vitamine A et C, de zinc, de fer, … par des prélèvements sanguins qui sont envoyés en Afrique du Sud par avion.
Tout ceci étant effectué avant et après, ils espèrent voir une différence statistiquement significative entre le début et la fin allant dans le sens de l’amélioration, c’est évident… Les 6 mois seront achevés dans 3 jours. Les données initiales ont déjà été rentrées dans l’ordinateur et analysées.

Le travail actuel consiste à entrer les données finales (c’est long il y a 600 enfants en tout et beaucoup d’informations à traiter entre les différents questionnaires) dans l’ordinateur. Ensuite, il va falloir traiter ses données de façon intelligente et tenter de trouver des différences significatives au moins pour un ou deux des résultats attendus de la distribution de la boisson. Il faut aussi trouver des corrélations entre certaines variables.
Je m’occupe essentiellement d’entrer les données et de les analyser avec Peter. Peter a de bonnes connaissances en statistique et il gère pas mal les logiciels de stat. Moi je l’aide car je lui apporte des idées nouvelles qu’il n’a pas eues par exemple (surtout pour l’analyse de données et les corrélations entre variables) et aussi parce que je rentre plus de données en 3h que lui en 3 jours … ! Les outils statistiques utilisés sont basiques ici : moyenne, écart type, intervalle de confiance à 95%, coefficient de corrélation et probabilité que les résultats obtenus soient significatifs ou non. Pas de modèles ultra compliqués avec des facteurs d’interaction et tout et tout comme à l’INAPG. C’est du basique et ça leur suffit. D’ailleurs c’est beaucoup plus simple à utiliser et beaucoup plus clair.
Pour faire mon boulot, il faut être curieux de nature, essayer de comprendre comment fonctionne les gens et le projet, tenter de s’adapter. Le plus difficile est de trouver un juste milieu entre ce que l’on doit dire pour essayer de les aider, de leur donner des idées et de leur expliquer qu’on peut faire mieux que ce qu’ils ont fait et qu’on peut améliorer les analyses, et ce que l’on ne peut pas dire parce que c’est trop compliqué pour eux. Il faut leur suggérer les idées sans pour autant qu’ils se sentent inférieurs. C’est parfois un peu difficile… Un jour, Peter voulait absolument me convaincre d’un truc que je savais faux… Et il ne me laissait pas en placer une, il n’arrêtait pas de répéter « Listen Jeanne, I know … » Donc je l’ai laissé parler (ça m’a demandé un effort considérable puisque tout le monde sait que j’aime avoir raison en permanence et que je m’énerve facilement en plus !) et quand il a essayé il a vu que j’avais raison… L’inverse est vrai aussi, il faut savoir mettre de coté toutes nos belles connaissances pour écouter ce qu’ils savent. Et parfois on se rend compte que ce qui est compliqué n’est pas toujours forcément mieux …
Voila, il faut savoir utiliser excel évidemment et gérer les bases de statistiques, c'est-à-dire savoir dire si un résultat est significatif ou non et se souvenir un peu de SAS pour utiliser le logiciel de stat d’ici car souvent les écritures se ressemblent (il faut par exemple créer des fréquences stratified by Sex ou stratified by Age … des choses simples comme ça. Hein maman ?!) Voilà pour l’essentiel…
Il faut avoir un anglais correct -le vocabulaire de base s’apprivoise assez rapidement- pour pouvoir écrire des rapports. Car après l’analyse des données, il faut créer des graphiques et écrire des rapports concernant l’étude effectuée.
Sinon évidemment, il faut savoir s’adapter au pays. Heureusement la chaleur n’est pas très forte à Jos mais elle l’est à Lafia. Savoir ne pas s’énerver parce que la connexion internet coupe sans arrêt et la lumière aussi. Prévoir ses bouteilles d’eau en rab pour les périodes de pénurie… Et surtout arriver à trouver des choses à faire tous les soirs et tous les week end puisqu’il est interdit de sortir de la résidence la journée sans chauffeur et la nuit en permanence.

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