Insect land
Arrivée à Yola le soir, la guest house fait un peu peur, pas d’eau, pas d’électricité, et des insectes partout… Ca commence avec une énorme araignée sur le mur, trop dégueu…
Ensuite c’est une gecko party autour
de la lampe
(il y en avait au moins 10 !) Ca doit être encore mieux que
notre barbecue de la semaine dernière !). Je suis vraiment contente
d’avoir été invitée ! Peter asperge ma chambre de pchit anti-moustique
avant d’aller dîner…
Le dîner est très sympa, pepper soup, semovita et stew, le tout pied nu
assis sur des nattes, là je me sens dépaysée !
Bon sauf que ça fait un
peu bizarre de manger quand on est observée par 20 personnes qui me
regarde avec des yeux tout ronds comme si j’étais la réincarnation de
la vierge (et Dieu sait que je la suis pas, d’abord parce que moi c’est
Jeanne et pas Marie, et puis parce que franchement le jour ou je serais
enceinte, je pense accoucher à l’hôpital et pas à côté d’une vache,
mais bon chacun ses gouts j’ai envie de dire…)
Bon je m’éloigne du
sujet (vous remarquerez que j’ai une fâcheuse tendance à m’éloigner de
mes sujets…)
Quand on revient, non sans avoir pris quelques bières avant avec Peter,
je rejoins ma chambre pourrie, et là horreur, des énormes cafards
gigotent les pattes en l’air sur mon sol.
Il y en a au moins 5… Trop
dégueu, j’appelle à la rescousse
« Peteeeeeeeeeeer ! » Peter débarque, un peu pompette, en caleçon, armé
d’une tong (arme redoutable c’est bien connu) et procède à un concours
de lancer de cafards hors de ma chambre. Ouf ! C’est à se moment là que
je lève les yeux (penser à na pas lever les yeux la prochaine fois) et
je vois une énorme araignée tranquillement installée, juste au dessus
de mon oreiller (il fallait qu’elle s’installe au dessus de mon
oreiller cette connasse, elle pouvait pas s’installer derrière un
meuble ou dans un coin de ma chambre (sinon elle aurait pas pu regarder
la télé !)) Horreur, enfer et damnation ! Peter l’écrase d’un coup de
tong et la chose en question vole en éclat en giclant un peu partout
sur le mur (je vous avais prévenu que la tong était redoutable !).
Je peux enfin dormir, enfin du moins essayer car il fait 40 degré à
Yola, que la clim ne marche pas et que le ventilateur tourne à la
vitesse faramineuse de 1 tour toute les 3 minutes…
Le lendemain, départ pour Ganye (c’est pas gagné, ahah), nous
sommes
presque à la frontière du Cameroun. A peine arrivée dans ma chambre, je
découvre que ma salle de bain est habitée par une araignée qui se tape
un marathon sur mon mur comme si sa vie dépendait du nombre de tour de
baignoire qu’elle ferait. Comme je ne voulais pas faire de jalouses, ni
une
ni deux, j’attrape ma tong dévastatrice et je l’explose
littéralement.(roh cesse d'employer cette expression idiote, dirait mon
papa!)
Comme ça au moins, je lui ai donné une raison de faire son marathon. Je
me débarrasse du cafard qui agite frénétiquement ses pattes à côté de
mes toilettes (il avait peut-être une envie pressante…) et je quitte ma
chambre pour aller manger (beaucoup trop mangé d’ailleurs !).
Ganye c’est sympa, y’a pas de réseau pour le téléphone portable (est-il
bien utile de préciser qu’évidemment les fixes ne marchent pas), mais
y’a des poulets grillés délicieux ! Le petit déjeuner à la guest house
consiste à ingurgiter une omelette géante accompagnée de tranches
d’ignames frites avec du stew et de la viande, c’est léger tout ça
dites moi !
Cette région du pays est encore très verte, beaucoup plus
que Jos du moins et couverte de montagnes (mmmh quand je pense aux
randos que j’aurais pu faire…).
Je vous mets un petit album photo (Yola + Ganye) parce
que je ne peux pas tout mettre sur la page principale (bah oui 220
photos en 5 jours ça fait beaucoup !)
Bon à part ça, le boulot (oui parce qu’on dirait pas comme ça mais on est venu pour bosser quand même… Comment ça « mon œil ? » Si je vous l’dis…) Nous sommes ici pour entrainer les professeurs et directeurs d’écoles (et d’autres personnes mais j’ai pas bien compris qui c’était) à diagnostiquer la cataracte. En gros, HKI est associé avec d’autres ONG, l’OMS et le gouvernement, et les gens qui travaillent sur la vision font la présentation sur la cataracte (en anglais et en hausa) qui consiste à expliquer le fonctionnement de l’œil, qu’est ce qui se passe quand on a la cataracte (la lentille devient opaque au lieu d’être transparente), comment on la diagnostique et ce qu’on fait quand on a trouvé quelqu’un qui a la cataracte (on paniiiiiique ! mais non on l’envoie à l’hopital pour se faire opérer bien sur).
Et notre boulot à nous, c’est d’évaluer la qualité de la
présentation, donner des idées pour améliorer (faire un test de
connaissance avant et après, écrire les choses importantes au tableau,
poser des questions pour vérifier que tout a bien été assimilé),
organiser des meetings pour faire le point, bref s’occuper de la
gestion du workshop. C’est intéressant.
Le gars qui doit faire la
présentation me demande :
« Doctor, should I start ? »
Moi (le temps de
réaliser que doctor c’est moi)
« Euh… Yes yes, you can start »
(alors
que je n’en ai pas la moindre idée… mais comme je suis la seule staff
d’HKI présente, je me permets de m’enflammer un peu !).
J’adore
aller
dans les écoles et les villages, c’est plein de vie et ça respire la
joie malgré la pauvreté, une vraie leçon de positivisme. Quand ils me
voient, ils se précipitent pour me dire "Good morning Madam, how are
you ?" tous en coeur, alors moi (je suis polie), je réponds "Good
morning pupils, I'm fine, thank you, how are you?" (quel échange !)
Les enfants
sont absolument adorables, ils ont des bouilles à croquer…
On en
profite aussi pour se balader un peu avec Peter au marché et faire un
tour en voiture pour prendre des photos.
Tout ça pendant 3 jours. Puis c’est le retour à Yola et ensuite à Jos.
Le retour, c’est comme l’aller sauf qu’on a 40 kilos d’ignames, 20 kg
de tomates, 15 kg d’oignons, 36 melons, 4 pastèques, 50 kg de charbon
et 3 poulets vivants entassés à l’arrière du pick up.
Avec la fatigue et tout, une petite nostalgie m’envahit…
Que faire dans
ces cas-là ?
1 : Prier
2 : Manger du chocolat
Ou bien les deux en même temps…
3 : Faire un soirée guitare en mangeant de la pepper soup et en chanant
des vieilles chansons avec Yves, ça me rappelle mes jolies colonies de
vacances… (merci papa, merci maman... !)